Je vous propose de lire l'avis de Remy Lebotte, conseiller énergie, climat, environnement et agriculture pour le MR
"Nous voyons en cette fin d’année monter les inquiétudes des agriculteurs au travers de certaines initiatives dont, des barrages routiers. Ces inquiétudes font écho à celles des agriculteurs européens et aux négociations de l’Union européenne avec le MERCOSUR qui entrent dans une phase décisive selon la Commission.
Les débats enflammés autour de cet accord de libre-échange ne sont pas neufs. Au fil des années, il est devenu un enjeu crucial de la politique commerciale et agricole européenne. Objet de relance européenne face à la Chine et la future administration Trump pour les uns, fossoyeur des filières agricoles européennes pour les autres. Difficile d’apporter de la nuance.
Récemment, la Wallonie a répété sa position de ne pas signer le traité en l’état. Preuve que la question divise même dans notre pays, la situation est beaucoup moins évidente au niveau fédéral où les partis francophones soutiennent cette position wallonne alors que la majorité des partis flamands veulent que l’UE signe cet accord tel quel.
Pourquoi ne pas signer l’accord en l’état ? Parce qu’il ne comprend pas les garanties d’une concurrence loyale dans certaines filières, via les clauses miroirs.
Que l’Union européenne conclue des accords de libre-échange est légitime. L’économie de l’UE dépend fondamentalement des échanges pour se développer.
Que l’Union européenne veuille augmenter la qualité de son environnement et sa santé publique dans le cadre de la politique agricole est légitime aussi.
Par contre, importer des denrées alimentaires dont on ne peut garantir le même niveau de qualité sanitaire et phytosanitaire, ce n’est plus de la concurrence loyale. De même, estimer que l’agriculture est un secteur économique stratégique sans lui donner les moyens de faire face à une concurrence déloyale, ce n’est pas cohérent non plus.
En réalité, il me semble que le problème est moins l’accord et son contenu que notre propre incohérence européenne. Les politiques agricoles et commerciales sont pour rappel deux compétences exclusives de l’UE.
« On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses propres dépens » a justement indiqué le Cardinal de Retz. C’est particulièrement à propos ici : si l’Union européenne écrase ses agriculteurs de normes phytosanitaires, sanitaires et de bien-être animal, elle ne doit pas permettre l’entrée de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes normes. De même, pour avoir une autonomie stratégique dans un secteur, encore faut-il y mettre les moyens. Nos agriculteurs sont en compétition avec des agriculteurs soutenus massivement par leurs autorités, qui ont accès à des économies d’échelle (fermes immenses) et des outils dont nous ne disposons pas.
Il est temps de sortir de notre ambiguïté et de rééquilibrer la balance en faveur de nos agriculteurs. Il faut une politique agricole forte et une concurrence loyale.
L’agriculture nous concerne tous après tout : chacun en a besoin trois fois par jour."